Ce sont ces êtres en équilibre sur la fêlure irréductible. Entre impossible thérapie et espoir d’un ailleurs, les arrachés sont sur un navire qui malgré tout avance. Sous anesthésie, ils vivent dans l’ambiguïté du mot sage. Dociles, oui, mais n’en pensent pas moins. Et ont tout à fait conscience de leur inhibition d’action. Mais il faut être sage pour saisir le moment juste d’agir. On arrache la perfusion et d’un coup ça dépote. On sait très bien que ça ne changera rien et que tout redeviendra pareil. Mais pour un temps ça fait du bien tout de même.
Les arrachés (2016) est une pièce de Trapier Duporté mettant en scène un ensemble de plantes en pot posées sur une estrade blanche. Ces plantes sont mises pour la durée de l’exposition dans un état alcoolique à l’aide de bouteilles de bière retournées dans la terre qui leur servent de perfusion. Cette pièce joue d’une manière ironique sur l’anthropomorphisme de ces végétaux en octroyant à ces derniers des comportements et des actions humaines, pour mieux les critiquer. Les murs de l’espace Torx ont été repeints pour l’occasion à l’aide de bouillie bordelaise, produit utilisé dans le jardinage pour repousser certains parasites. Plantes sous anesthésie, white cube déparasité, tout est mis en place pour que rien n’advienne.
Trapier Duporté